SS : Non, je vois ce livre [‘Nel -, il +’] pour la première fois.
RM : Ça c’est Vacchini. La logique. La dimension conceptuelle : ‘Nel -, il +’. Mais ce n’est pas l’écriture, c’est par le graphique que le titre condense Vacchini. Les étudiants ont restés fascinés tout en comprenant qu’ils se trouvent devant un autre monde. Mais avec le souci qu’on ne peut pas le pratiquer. En ce qui concerne la question conceptuelle – qui est le plus important ; comme je l’ai écrit ici, dans ce livre : quand je suis allé dans le studio de Vacchini pour commencer le travail sur le livre, je me suis rendu compte que tout était en parfait ordre. Toute l’archive ! Et alors je me suis dit : ‘magnifico ! Une telle quantité de travail… je peux commencer de penser aux points de vues historique, critique, théorique.’ Toutes les étagères, les tiroirs, tout comportait des étiquettes avec les années, les dates, les titres des projets. Il était très ordonné. A un certain moment je me suis rendu compte qu’à partir d’une certaine date, il n’y avait plus des esquisses. Pourquoi ? La première idée fut qu’il s’intéressait à l’œuvre finale et qu’il n’avait aucun intérêt artistique en ce qui concerne l’esquisse. Et donc il n’aurait pas gardé les esquisses qu’il jugeait d’inutiles. Mais je me rendis compte que cette date correspond avec le moment où il avait à peine terminé sa maison de Costa. Jusqu’à la maison de Costa, il a des références comme Jacobsen, Kahn, etc.. Mais au moment où il fait cette maison, celle-là est Vacchini. Elle n’est plus comparable à personne. Pour finir, le fait que ce plan est repris de Mies van der Rohe est inessentiel. Cette maison est le moment où Vacchini devient Vacchini. Après il n’y a plus d’échappement. Alors je l’ai demandé : ‘excusez-moi Architetto, mais comment ça se fait qu’à partir de cette date il n’y a plus des esquisses ?’ et alors il me dit : ‘C’est à toi de me le dire.’ A partir de ce moment on a quitté de nous vouvoyer. A partir de ce moment on est devenu des amis. Parce que j’avais touché un point. J’avais compris un secret, une chose profonde pour lui. Et il me dit : ‘Tu vois, quand je fais un esquisse, je tombe amoureux de mon dessin et après je n’arrive plus à m’en libérer. Et ça n’est pas l’architecture.’ Je lui ai demandé : ‘Mais alors, comment tu fais un projet, si tu n’emploies pas les esquisses ?’ Et il me dit : ‘Tu vois ce divan? Je m’allonge et je pense.’ ‘Et à quoi tu penses ?’ ‘Je réfléchit un système logique où tout doit tenir. Tout doit être cohérent.’ J’avais tout compris. La question logique est celle-là : la cohérence du système mentale. Des années plus tard, quand mon livre était depuis longtemps fini et on était déjà amis, il me dit : ‘Roberto, vient avec moi à Paros.’ Le médecin lui avait recommandé de se reposer. Il m’avait invité de rester ensemble pour faire le projet d’un concours. Je lui ai dit : ‘projetons ? Projette-toi !’ ‘Ne te préoccupe pas !’ C’était le concours de Nice. Et pendant qu’on est resté un mois à Paros, j’ai travaillé avec lui.
Roberto Masiero est professeur ordinaire de l’Université d’Architecture de Venise (IUAV) et enseigne l’Histoire de l'architecture et les Tendances de l'architecture contemporaine. Il est directeur artistique du Parc de Pinocchio à Collodi et a conçu le nouveau parc d'amis Pinocchio. En 2002, il a conçu et dirigé la section de Neuchâtel Expo 2002 parrainée par le gouvernement suisse. Parmi ses publications les plus significatives: "Trieste e L’Impero. La formazione di una città europea", Marsilio, Venezia, 1988. Volume primé avec le prix national Galileo, section d’histoire, Rome 2 décembre 1988 // "Materia signata haecceitas. Origine e modalità costitutive del valore storico" in "Materia signata Haecceitas", Franco Angeli, Milano 1989 (avec E. Benvenuto) // "Afra e Tobia Scarpa. Architetture", Electa, Milano 1996 // "Guida dell’architettura neoclassica nel Veneto", Marsilio ed., Venezia, 1998 // "Architettura in Ticino", ed. Skira, Milano 1999 // "Estetica e architettura", Mulino, Bologna 1999 // "L’arte di Rudolf Schwarz", Morcelliana, Brescia 1999 // "Il Labirinto di Dedalo, Questioni e problemi sulla storia delle tecniche per l'architettura", (avec U. Barbisan) FrancoAngeli, Milano, 2000. (www.iuav.it)
Ses livres, essayes et articles sur l’œuvre de Livio Vacchini comprennent notamment: "Livio Vacchini, Works and Projects", G.Gili, 1999 (aussi en italien chez Electa) // "La casa delle tre donne", Casabella, nr.681, 09/2000 // "Architettura fa il luogo", Casabella, nr.698, 03/2002 // "Vacchini e/o Gehry" in Anfione e Zeto, rivistadiarchitetturaearti, theme Armonia, n.16/2003, ed. Il Prato // "Spacek Vacchini Vacchini Spacek" , ed. LIBRiA, Melfi/Potenza, 2003; // "Nel-Il+, Livio Vacchini disegni 1964-2007", ed.Libria 2013.