LS : Juste comme ça ! On s’est disputés, je ne sais plus pourquoi et j’ai fini à l’hôpital. Il m’a donné un knock-out ! Ça je me rappelle, c’est le premier vrai rencontre avec lui – c’était un poing… [en riant] Mais on est restés amis, toujours. Et puis, après avoir travaillés dix ans ensemble, on s’est séparés sur une question d’un bidet. Parce que lui il voulait projeter sa maison à Ascona ; moi j’étais politiquement très engagé – lui non, pas du tout ; alors j’ai dit – écoute on a ce mandat comme une possibilité de faire un quartier pour ouvriers.
SS : Et alors sa maison aurait devenu une maison-type.
LS : Comme une maison-type : première maison d’un quartier d’ouvriers. Mais il était contre tout ça. Et en tout cas il m’a dit ‘alors fait toi le projet et je vais voir après’. J’ai fait le projet, seul, et j’ai fait une maison prototype dans laquelle il y avait les services, mais dans le service de bain il n’y avait pas de bidet. Et il n’y avait pas place pour le bidet. Pas de place. On s’est divisés pour ça ! Le jour même – il est parti du bureau. Apres on est devenu encore plus amis qu’avant ; on a eu une bonne suite.
SS : Ce bidet est devenu un sort de symbole… Vous disiez dans un entretien que l’université – ETHZ, n’a pas été pour vous le vrai lieu de formation, ni d’ouverture vers le Neues Bauen ou vers le modernisme de Corbusier. Mais plutôt, le premier vrai enseignant fut Peppo Brivio- durant un stage que vous aviez fait là, où vous aviez également connu Tita Carloni qui travaillait là aussi. Apres – c’était le retour au Tessin et l’association avec Vacchini (’62-’68) que c’est prouvé la vrai école.
LS : Oui. C’était le moment où tout le monde – Carloni, Brivio, étaient wrightiens. Wright était très important ici au Tessin à ce moment-là. Et donc on faisait que de l’architecture à la Wright. Et c’est là que j’ai commencé de travailler près de Brivio, avant que je sache si je serais architecte ou non. Tous les étés j’étais chez lui dans son bureau.
SS : Apres, la décision de vous associer avec Vacchini c’est imposée comme naturelle?
LS : Vacchini il était parti au Nord et quand il retourne de la Suède, il n’avait pas de travail ; je l’ai rencontré, je lui ai dit ‘vient, tu peux travailler dans mon bureau’. Et comme ça on a tout divisé tout de suite.
Né en 1932 à Mendrisio, Luigi Snozzi est une figure majeure de l’architecture suisse. Après des études à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, il collabore avec Livio Vacchini de 1962 à 1971, puis avec Bruno Jenni à partir de 1975 et ponctuellement avec Tita Carloni, Mario Botta, Aurelio Galfetti. En architecte convaincu de la complémentarité entre pensée politique et pensée architecturale, et inspiré par le rationalisme du Mouvement Moderne, l’écriture, la conférence ou la polémique appartiennent à sa pratique au même titre que la conception d’un projet. (www.centrepompidou.fr)
Projets et réalisations avec Livio Vacchini : Espace multifonctionnel à Locarno, concours, 1962 // Nouveau Prétoire de Faido, concours, 1962 // Hôpital à Mendrisio, concours gagné, non-construit, 1962-65 // Le Collège Disentis, Grigioni, concours,1965 // Les Entrepôts TT à Colombaia de Bellinzona, 1963-64, réalisé // Logements sociales à Locarno, 1964-65, réalisé // Maisons Taglio, Orselina, 1964-65, réalisé // Bâtiment administratif Fabrizia, Bellinzona, 1964-65, réalisé // Maison Snider à Verscio, 1964-65, réalisé // Palazzo UBS, Ascona, 1964-67, réalisé // Immeuble d’habitation à Carasso, 1967-68, réalisé.